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Coulisses et anecdotes à propos du métier et de la vie d'un écrivain

(promis, je n'inonde pas votre messagerie d'articles interminables que vous ne lirez jamais et je n'essaye pas de vous vendre des tee-shirts à mon effigie).

Merci ! A bientôt. Sophie

  • Photo du rédacteurSophie

Je pensais vendre 10 copies de mon roman policier, j'en ai vendu plus de...

Dernière mise à jour : 25 janv.

(Oui cette phrase d'accroche est le pire clickbait de l'histoire, mais promis après ça j'en ai fini avec les techniques marketing vaseuses pour vous attirer dans mes filets).



Pour ceux qui ne sont venus que pour le chiffre magique, la réponse est :
6 000 copies en un peu plus d'un an.
Voilà, je suis heureuse d'avoir satisfait votre curiosité ;)

Pour les autres, et notamment pour les écrivains amateurs qui ont un roman qui traîne dans leur tiroir depuis des années, ou qui ont une envie d'écrire qui les démange, et dont la petite voix intérieure sape consciencieusement leur confiance en eux...
... cet article est pour vous!


6000 copies donc.

Lorsqu'en décembre 2022 j'ai autopublié "L'Affaire Audrey Laurent", j'avais bien sûr le secret espoir de faire un carton, mais un peu comme quand je me pomponne avant d'aller à une soirée en espérant y croiser un sosie d'Adam Driver, au fond de moi, je n'y croyais pas vraiment.


Est-ce que je vous écris tout ça pour vous sortir des niaiseries genre "Croyez en vos rêves", "Accrochez-vous", " Un tiens vaut mieux que deux, tu l'auras" ? (non ça, ça n'a rien à voir désolée).

Absolument.


Je m'explique.


Pourquoi se lancer dans l'écriture d'un roman alors que l'on n'a aucune expérience?


Retour en 2008.

J'ai 33 ans et je vis sans doute une de mes pires expériences professionnelles de mon existence (spoiler : en fait la pire est à venir, mais chaque chose en son temps, profitons déjà de celle-ci).





Depuis quelques années, je fais un boulot assommant dans des conditions de travail épouvantables, mais je suis bien payée alors j'imagine qu'après tout, c'est ça d'être adulte.


Horaires interminables, retour à la maison à 22h, 23h... (ou à 4h30 du matin, record officiel un dimanche soir), cinquante emails par jour (généralement pour me dire que mon travail est nul ou que finalement la réunion de la semaine prochaine est avancée à demain matin 8h et qu'il faut finir le rapport pour ce soir).


Pression sans fin et managers avec la capacité émotionnelle d'une enclume dont les seuls objectifs sont de toucher un max de bonus et de ne jamais passer pour un con (spoiler numéro deux : la plupart passaient pour des cons du matin au soir).


Un bonheur.


Pour ceux qui auraient reconnu cet environnement professionnel épanouissant : je bossais évidemment dans le conseil.

Big Four, fiscalité internationale, La Défense, talons aiguilles (sauf le vendredi "Casual Friday, tu peux mettre un jean avec ta veste de tailleur" youhou) et dix minutes pour manger une salade devant mon écran. Ce genre de non-existence.


À cette époque, je pensais que c'était la meilleure vie professionnelle à laquelle je ne pourrais jamais prétendre. Comme pour beaucoup d'entre nous nés dans les années 70 et qui sommes arrivés sur le marché du travail au cours des années 2000, l'équation : gros salaire + cadre + CDI était tout simplement la panacée, et à cette époque le bien-être au travail était à peu près aussi d'actualité que la prochaine invitation de Poutine à Zelensky pour un brunch.


 


 

Le déclic

J'ai un souvenir très précis de cette période où je me sentais littéralement dépossédée de ma vie. Je gagnais de l'argent et je dépérissais. Quelque chose dans mon existence allait très haut tandis que tout le reste s'effaçait.


Et puis un jour, j'ai fini par atteindre le fond du tonneau et pour m'en sortir, je n'ai vu qu'une solution, je me suis décidée à écrire.

C'était une évidence. J'avais toujours adoré écrire et mes premières œuvres dataient de mes huit ans quand je m'étais lancée dans le récit époustouflant de pirates partis à la recherche d'un trésor et qui finissaient par attraper la scarlatine lors d'un séjour en Guadeloupe (j'avais un peu trop lu "Tintin et le secret de la Licorne" et j'étais traumatisée par la varicelle).



En 2008, cette fois-ci, point de corsaires ni de trésors, mon héroïne allait tout simplement vivre une existence bien plus belle que la mienne. Incapable de savoir comment changer le cours de ma vraie vie, grâce à l'écriture, j'avais au moins le pouvoir de m'inventer une autre.

Alors, je me suis lancée.


Combien de temps cela prend d'écrire un roman?

Sans que je ne m'en rende compte, ce roman est devenu une priorité.

Dès que j'avais un instant de libre, j'écrivais (même si entre mes powerpoints chamarrés de 140 slides et la bataille de la répartition des coûts de la direction comptable indienne, j'étais bien occupée). Ce qui était au départ un projet un peu fantasque, est devenu au fil des mois de plus en plus sérieux et de moins en moins farfelu.


J'ai mis presque trois ans à écrire mon roman et je le dis tout de suite, au début je ne pensais pas le publier.

J'ai écrit "L'Affaire Audrey Laurent" pour moi. La seule promesse que je me suis faite était d'aller jusqu'au bout et c'était avec un immense bonheur que je me suis plongée dans l'aventure du roman policier.


À ma jumelle fictive, j'ai imaginé une vie trépidante, pleine d'action, d'amour et de suspense. Quelque chose de très éloigné de mon quotidien (même si bien sûr les rapports de prix de transfert de la branche française d'un fabricant d'ampoules allemand contiennent la plupart du temps un suspense insoutenable).


L'écriture de ce roman m'a sauvée du désespoir et plus sûrement encore de la dépression.

Je faisais enfin quelque chose. Si ma vie devait s'arrêter brusquement le lendemain, au moins il y aurait ce livre pour témoigner que j'étais bien plus que cette trentenaire au métier sérieux et propriétaire d'un appartement à Paris. D'une manière ou d'une autre, ce roman disait qui j'étais, et le jour où je l'ai achevé j'ai eu la certitude d'avoir enfin accompli quelque chose.


Écrire est un processus cathartique, je n'invente rien bien sûr.

Une fois mon roman terminé, après d'innombrables séances de corrections et de réécriture, encouragée par des retours positifs de la part de mes premiers lecteurs, j'ai quand même tenté l'aventure de la publication. Mon ego de romancière me titillait.


Je tente de me faire publier une premiere fois.


Nous étions alors en 2011.

Amazon et les plateformes de publication en ligne n'existaient pas, la seule option était la voie classique des maisons d'édition traditionnelles. Une recherche très poussée m'a permis de sélectionner dix maisons d'édition qui me faisaient rêver. Pleine d'enthousiasme et d'espoir, j'ai imprimé mon manuscrit, puis je l'ai accompagné d'une lettre aussi sincère et professionnelle que possible et j'ai croisé les doigts très fort.


Dix envois, dix refus. Ma carrière d'écrivain s'est arrêtée là.




Déçue, mais pas surprise, j'ai rangé mon histoire au fond d'un tiroir et j'ai repris le chemin de la Défense (ou plus exactement cette année-là, de Levallois-Perret).


Pourtant, cette fois-ci, quelque chose avait changé. Même si mon roman n'avait pas été publié, une partie de moi a commencé à croire que j'étais bel et bien un écrivain. Et bien qu'à l'époque je ne sois pas encore certaine de quoi faire de cette pensée réconfortante, telle un talisman (hum... un doudou) elle m'a accompagnée au cours des onze années à venir.


J'y pense et puis j'oublie... et puis j'y repense (11 ans plus tard)


Faisons maintenant un bond en avant. 2022.


Cette fois-ci, je ne suis plus à Paris, je n'habite même plus en France.

J'ai tout quitté cinq ans plus tôt pour devenir chef pâtissière, une magnifique et désastreuse expérience, sans doute un de mes plus beaux échecs.

Un ratage partiel qui m'aura en tout cas définitivement éloignée de La Défense (parfois, je me dis que c'était son principal objectif). Jamais plus je ne remettrai les pieds à la direction financière d'une multinationale. Cette vie-là est derrière moi, c'est le plus beau cadeau que je me sois jamais fait.


Désormais freelance, j'ai plusieurs activités que j'adore et qui me rapportent... des cacahuètes. En tout cas rien de comparable avec ce que je gagnais avant.

Cacahuète après cacahuète, depuis mon changement de carrière les fins de mois sont compliquées, le temps où je payais sans regarder la note du restaurant est bien loin (pour être honnête, le temps où j'allais au restaurant sans y réfléchir à trois fois est encore plus loin), mais ça c'est simplement l'aspect financier de ma nouvelle vie. Pour le reste, je n'ai jamais été aussi heureuse et pour rien au monde je ne reviendrais en arrière.


Certaines fois, je doute. La plupart du temps je n'ai aucune idée de ce que l'avenir me réserve, pour autant pas de panique. Entre la pâtisserie, le coaching et la méditation, j'ai dorénavant plein de nouvelles cordes professionnelles à mon arc et quoi qu'il arrive, je saurais rebondir.

La vie est pleine de surprise, qui sait ce que je vais découvrir cette année ?


Peut-être bien que tout est une question de timing...




Ce qu'il me manquait pour y arriver (un bon coup de pieds aux ..)


Un dernier bond en avant. Fin de l'année 2022, Décembre.


Une chose essentielle dont je n'ai pas parlé jusqu'à présent, c'est du soutien inconditionnel de ma famille et de mes amis. Depuis le début, depuis mes premières pages imprimées à la sauvette sur la photocopieuse du 7ᵉ étage en 2008 (au moins, je ne serai pas restée jusqu'à 23h tous les soirs pour rien) mes amis et ma famille ont toujours été là. Tous ont lu mon roman, tous m'ont dit qu'il était génial (y avait intérêt) et que ce ne serait rien de moins qu'un best-seller.


Tous. Pendant onze ans.


Et je ne les ai jamais crus.


Et peut-être est-ce également votre cas à l'instant présent.

En cette seconde même, peut-etre vous est-il impossible d'imaginer que le roman que vous êtes en train de peaufiner puisse plaire et trouver son public. Sans même parler de vivre un jour de votre écriture...

Je suis passée par là, il y a encore quatorze mois j'étais à votre place.


Et parce que j'ai quatorze mois d'avance sur vous, c'est donc pour moi le moment de vous bombarder de niaiseries.

Croyez en vous.

Faites taire cette foutue petite voix qui vous dit que le succès ce n'est que pour les autres.

Soyez fier de l'histoire que vous avez mis tant de temps à construire.

Respectez votre travail, vos efforts, l'amour et la passion que vous avez mis dans votre Å“uvre.

Faites-vous la promesse d'aller jusqu'au bout.


Pendant toutes ces années, j'ai eu la chance d'être soutenue et encouragée. Si vous n'avez pas de famille ou d'amis bienveillants, aujourd'hui je vais le faire pour eux : je crois en vous, allez-y et publiez votre roman!


Il m'a fallu beaucoup de temps avant d'écouter mes proches plutôt que ma petite voix intérieure.


Le miracle se produit, je vends enfin mon livre ... et j'en vends beaucoup!


En décembre 2022, sous l'insistance de ma sœur, de ma mère et de mes cousines qui sont toutes tellement persuasives que j'ai préféré m'incliner ne serait-ce que pour qu'elles cessent de me harceler, j'ai retenté ma chance.


Après tout, pourquoi pas. Cette fois-ci, les conditions étaient très différentes de celles de 2011. Avec l'explosion d'Amazon s'autopublier était devenu un jeu d'enfant et ne coûtait absolument rien (pour ceux que cela intéresse, je reviendrai sur ce sujet dans un prochain post).

La seule chose qu'il me fallait était un roman et le mien était prêt depuis quinze ans !


Alors, je me suis lancée.


Et vous devriez faire de même. Maintenant.


Dernier décompte : 6012 copies.



 

👉 Mon premier roman "L'Affaire Audrey Laurent" (2022)




👉 Mon second roman! "Les Maîtres du Désordre" (2024)






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